Photo: Bar à salades, École Saint-Denis, Saint-Denis-sur-Richelieu (Québec)

L’École Saint-Denis est une école primaire située à Saint-Denis-sur-Richelieu, en Montérégie au Québec, et a reçu sa subvention pour la mise en place d’un bar à salades De la ferme à l’école en 2018. L’école a connu beaucoup de succès en faisant participer ses élèves au fonctionnement du bar à salades et en l’intégrant au programme d’études.

En plus de prêter main forte pour la mise en place du bar à salades, les élèves cultivent une partie des produits “pour ce dernier” et apprennent à manger sainement grâce à des activités liées au programme scolaire!

L’initiative « Le choix santé », École Saint-Denis, Saint-Denis-sur-Richelieu (Québec)

Avant de nous lancer dans les questions-réponses, nous allons en apprendre un peu plus sur l’école (toutes les informations concernant le bar à salades et les collations datent de l’époque pré-COVID) :

L’École Saint-Denis est une école primaire publique de 170 élèves située dans un village en milieu rural.

Son programme De la ferme à l’école est entièrement coordonné par le service de garde de l’école (avant et après l’école) qui compte entre 80 et 100 élèves inscrits chaque jour. Le bar à salades vient compléter les autres projets du service de garde qui visent à encourager de saines habitudes alimentaires, notamment les initiatives de jardinage et de cuisine.

Lancement du bar à salades, École Saint-Denis, Saint-Denis-sur-Richelieu (Québec)

Il s’appuie sur l’initiative « Le choix santé », la première étape du grand projet lancé par le service de garde. Celle-ci permet aux jeunes de réaliser, chaque semaine, de nombreuses activités autour de la préparation de collations santé, comme un atelier de création de smoothies. Suite à cette initiative sont nés d’autres projets, comme le bar à salades et les jardins.

Le bar à salades est soutenu par un comité composé d’une technicienne responsable du service de garde scolaire (Véronique St-Germain), d’une éducatrice du service de garde de l’école Saint-Denis responsable des ateliers culinaires et de jardinage (Véronique Charron), d’une nutritionniste et conseillère en promotion de la santé du CISSS (Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais), ainsi que de partenaires communautaires, de la municipalité, du personnel des loisirs et de bénévoles.

Tour de culture aéroponique verticale, École Saint-Denis, Saint-Denis-sur-Richelieu (Québec)

Le bar à salades s’approvisionne principalement en produits locaux grâce à des partenariats avec une épicerie de quartier (Bonduelle), une ferme biologique locale lorsque ses produits sont de saison (La Fibre Végétale), et un verger local. Les jardins de l’école et le laboratoire de culture intérieure fournissent également une grande partie des produits pour le bar à salades.

Les élèves inscrits au service de garde, aidés d’une éducatrice, récoltent et préparent les légumes tous les lundis pour permettre à tous les élèves de l’école et aux membres de l’équipe scolaire de profiter du bar à salades le lendemain.

Salade récoltée dans le laboratoire intérieur pour le bar à salades, École Saint-Denis, Saint-Denis-sur-Richelieu (Québec)

QUESTIONS ET RÉPONSES

Consultez nos questions-réponses avec Véronique Saint-Germain (VSG) pour en savoir plus :

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le fonctionnement de votre bar à salades en temps normal (avant la COVID) ?

VSG : Notre bar à salades fonctionne tous les mardis, offrant environ 100 repas chaque semaine, avec environ 2 à 3 adultes bénévoles et environ 10 à 20 élèves qui aident à tous les aspects, y compris la préparation et le service. Alors qu’une technicienne dirige le projet avec le groupe du service de garde et l’aide des bénévoles, les élèves sont devenus totalement autonomes et effectuent leurs tâches de manière indépendante. Les parents et les grands-parents se portent également volontaires pour aider à la préparation et après le service.

Nous voulons que le programme soit abordable, c’est pourquoi nous demandons 3 dollars par salade (ou 5 dollars pour une boisson et un dessert). Mais pour s’assurer que tous les élèves y ont accès, les familles qui n’ont pas les moyens de payer le bar à salades peuvent contacter les organisateurs pour recevoir l’aide de partenaires communautaires.

Si nous avons beaucoup de nourriture en trop, nous annonçons parfois un bar à salades le lendemain pour utiliser les restes, ou les aliments non consommés sont transformés en soupes et en smoothies. Les restes de table sont compostés pour soutenir les jardins de l’école.

Comment faites-vous participer les élèves au processus du bar à salades ?

VSG : Les élèves du service de garde participent à de nombreuses étapes différentes en collaboration avec une éducatrice. 

Par exemple, ils font des choix de menus. Ils cultivent et récoltent les aliments, puis ils participent à la préparation des légumes la veille du bar à salades ou encore ils peuvent faire des muffins pour le dessert.

Le jour même, ils sont impliqués dans tous les aspects de la logistique : certains préparent les cabarets, d’autres servent, d’autres sont responsables des boissons, d’autres encore aident au compostage ou s’assurent que les poubelles sont en place.

Les élèves qui participent ont une carte : lorsqu’ils participent 5 fois, ils obtiennent une collation ou un repas gratuit.

Bar à salades, École Saint-Denis, Saint-Denis-sur-Richelieu (Québec)

Pourquoi avez-vous choisi d'impliquer vos élèves dans la mise en œuvre de votre programme De la ferme à l’école?

VSG : C’est venu des enfants eux-mêmes – une élève a dit à sa mère qu’elle voulait faire son propre smoothie et qu’elle ne voulait pas d’un smoothie déjà transformé, alors son éducatrice a eu l’idée de préparer des collations saines. C’est ainsi que son éducatrice du service de garde a eu l’idée d’organiser des collations saines avec l’initiative « Le choix santé ». Cela a conduit au jardin, puis au bar à salades!

Nous pensons vraiment que si nous impliquons les enfants à toutes les étapes, des semis au service des aliments en passant par le jardinage, ils seront beaucoup plus intéressés par la dégustation des aliments. Cela entraîne de grands changements dans l’alimentation des élèves. La sensibilisation à une alimentation saine est très importante à l’école, et l’équipe du service de garde a vu l’impact de ses activités s’étendre au reste de l’école! Voir un enfant courir autour de l’école pour obtenir un deuxième smoothie aux épinards est une victoire.

Comment faites-vous le lien entre le bar à salades et le jardin de l'école et le programme scolaire ?

VSG : C’est un défi, car une grande partie des initiatives De la ferme à l’école sont coordonnées par le service de garde et non par l’école elle-même. Mais ce sont les techniciens-nes et les éducateurs-trices qui prennent l’initiative de contacter les enseignants-es et de faire le lien avec le programme scolaire.

Par exemple, l’éducatrice qui coordonne les activités culinaires va travailler en collaboration avec les enseignants-es à l’avance pour faire un lien entre les recettes et les activités. Elle peut annoncer : « Le thème de cette semaine sera la pomme de terre, vous pouvez donc faire le lien avec ces sujets. » De son côté, l’équipe du service de garde essaie d’intégrer ce thème dans le bar à salades (par exemple, faire une salade de pommes de terre). Les élèves peuvent donc faire une activité préparatoire, étudier ce thème en classe, puis aller le chercher dans le bar à salades! Le service de garde essaie vraiment d’établir ces liens entre les activités.

Un autre exemple : suite à un atelier animé par Croquarium, Véronique a apporté l’idée de travailler sur le développement d’un système d’irrigation à une classe de 5e et de 6e année. Leur enseignante a abordé le thème en classe de sciences et cela a vraiment encouragé leur participation aux jardins par la suite!

Activité de jardinage, École Saint-Denis, Saint-Denis-sur-Richelieu (Québec)

L’équipe du service de garde encourage aussi l’organisation d’ateliers pendant les heures de classe. Une éducatrice du service de garde anime donc des ateliers sur l’alimentation saine et le développement des compétences alimentaires pour tous les élèves de l’école, dont certains sont liés au bar à salades (bien que celui-ci est fermé depuis le début de la pandémie). 

Pour les jardins, la participation se fait sur la base du volontariat. Par exemple, l’atelier sur les semis est proposé sur l’heure du midi à tous les élèves et celles et ceux qui sont intéressés y participent. Les élèves sont très fiers d’aller repiquer leurs semis et de les apporter au bar à salade.

La clé est de partir de leur intérêt. Certains élèves voient le jardinage comme un moyen de se défouler, d’autres viennent plus pour déguster, et d’autres encore aiment faire des pancartes et de la communication.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vos jardins ?

VSG : En 2017, l’école s’est associée à un organisme local (le Mouvement VeRT) et à la municipalité pour créer des jardins collectifs à St-Denis. Les 3 potagers qui se trouvent maintenant à l’école permettent aux élèves de participer à toutes les étapes de la production de légumes. Les élèves de tous les niveaux scolaires cultivent des carottes, des concombres, des poivrons, des tomates cerises, des citrouilles, de la rhubarbe, des framboises, du chou frisé, des betteraves, des haricots et des herbes aromatiques. L’école a également reçu une bourse 100 Degrés « Cultiver l’avenir » en partenariat avec le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec pour améliorer ses jardins potagers.

Aussi, un laboratoire agricole a été mis en place en 2019, composé d’une tour intérieure et d’autres systèmes de jardinage en intérieur permettant de cultiver et de récolter à chaque semaine la salade se retrouvant au menu du bar à salades. À la fin de l’année scolaire, les jeunes pouvaient récolter jusqu’à 5 culs-de-poule de salade verte; de quoi remplir le bar à salades tous les mardis!

Les légumes récoltés dans les jardins de l’école sont aussi utilisés pour les ateliers culinaires du projet  « Le choix santé ». Dans le cadre de celui-ci, les enfants sont invités à participer à la préparation de collations saines et du choix des recettes au service. Cela facilite l’accès à des collations saines à faible coût. Par exemple, les enfants peuvent préparer occasionnellement des smoothies en utilisant leur « vélo-smoothie ». Nous invitons les parents à venir quand la classe de leur enfant va cuisiner aussi.

En fin de compte, nous pensons que si un enfant prépare son repas, il aura envie de le goûter, il changera son régime alimentaire et fera des choix plus sains.

Quels défis avez-vous rencontrés en impliquant les élèves, et comment les avez-vous relevés ?

VSG : Impliquer les enfants demande plus de temps, plus de personnel, et donc plus de ressources financières, ce qui est un premier défi. 

Un autre enjeu était le désintérêt de certains enfants. Au début, les activités du jardin étaient obligatoires pour les élèves, mais les éducatrices ont réalisé que certains élèves étaient moins intéressés que d’autres. Alors maintenant, les activités sont organisées sur la base du volontariat. Même chose pour les recettes. Ce que nous avons remarqué, c’est que les élèves se motivent les uns les autres : les élèves qui font les activités de cuisine et goûtent leurs recettes inspirent vraiment les autres par la suite.

Un autre grand défi est de rejoindre les autres enfants de l’école qui ne sont pas au service de garde. L’astuce a consisté à rechercher des financements pour offrir aux enseignants-es et à l’équipe du service de garde des formations sur les ateliers de jardinage et de cuisine, dans le but d’en faire plus fréquemment pendant les heures de classe. Nous avons demandé à Croquarium d’offrir un atelier de formation et de coaching en jardinage, de sorte que les éducateurs-trices de la garderie puissent répéter les ateliers cette année. De même, les Ateliers 5 Épices ont offert une formation sur les ateliers culinaires à une enseignante et à l’équipe du service de garde scolaire. Ils ont également offert des conseils sur la façon de s’adapter en période de pandémie. 

Depuis le début de la pandémie, les ateliers culinaires offerts régulièrement en classe ont beaucoup de succès auprès des enfants.

Comment faites-vous la promotion de votre programme de bar à salades ?

VSG : Nous envoyons des courriels aux familles et nous avons une page Facebook pour « Le choix santé », où nous publions des informations sur le bar à salades et où nous nous connectons avec les parents en ligne.

Nous avons aussi le bulletin mensuel « Le Petit Denis » à l’école, où nous partageons des recettes que les enfants ont aimées et des petits articles sur le bar à salades. 

Lorsque nous avons lancé le premier bar à salades, nous avons invité des partenaires communautaires, nos sponsors, des dignitaires et la direction générale de la commission scolaire à un événement au cours duquel les élèves ont préparé et servi un petit repas. Nous avons également organisé une visite de classe avec la nutritionniste lors de notre lancement, au cours de laquelle nous avons parlé de ce à quoi ressemble une assiette saine, de la façon dont elle est composée, etc.

En général, nous essayons de faire en sorte que le bar à salades soit présent lors des événements. Lors du 20e anniversaire du CPE (conseil scolaire), nous avons sorti le bar à salades et il a été servi par les élèves aux familles qui venaient célébrer. Nous avons offert une petite collation et servi de l’eau aromatisée aux dignitaires. Nous avons également apporté le bar à salades au vieux marché de Saint-Denis, qui peut accueillir 20 000 visiteurs durant une fin de semaine.

Comment les élèves, et votre communauté scolaire en général, ont-ils réagi à votre programme De la ferme à l'école ?

VSG : C’est formidable de voir l’enthousiasme que suscite le bar à salades pour les élèves, les parents et même l’ensemble du personnel chaque mardi. Les élèves posent des questions sur le menu et sur ce qu’il faut essayer ; c’est très amusant, surtout de voir les élèves qui participent au service ou qui sont impliqués dans le compost ou la gestion des déchets. C’est vraiment génial de voir les élèves profiter chaque semaine d’un bar à salades rempli de légumes cultivés localement, que ce soit à l’école ou dans les fermes biologiques de la région.

Et le fait d’y participer apporte beaucoup de responsabilité et de fierté, et contribue à la réussite scolaire des élèves. On voit que les enfants sont motivés pour venir à l’école le matin, fiers de leurs compétences et fiers de s’impliquer.

C’est formidable de voir les parents s’impliquer aussi, et toute l’école en fait. En 2019, nous avons remporté le Prix Inspiration du Centre de services scolaires des Patriotes dans la catégorie « Milieu de vie » pour l’esprit d’école. Cette catégorie permet de féliciter un projet qui contribue au développement d’un environnement physique et psychologique stimulant, sain et sécuritaire pour la communauté. Nous étions si fiers! Pour les élèves, c’était comme rapporter la coupe Stanley!

Participer à ces programmes De la ferme à l’école était une évidence pour Saint-Denis et a beaucoup apporté à notre école.

Journée du bar à salades, École Saint-Denis, Saint-Denis-sur-Richelieu (Québec)

Pour en savoir plus, consultez l’article « Jardinage pédagogique et alimentation locale: une passion toujours aussi rassembleuse à l’école Saint-Denis » publié dans 100° en mai 2020.

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