Crédit photo : Équiterre


Équiterre, coordinateur provincial du programme De la ferme à l’école au Québec, mobilise l’ensemble des milieux scolaires à adopter des pratiques exemplaires favorisant une alimentation durable (saine, locale et écoresponsable) et à se doter de cibles d’achat d’aliments québécois.

Dans le webinaire du 24 février 2021, les trois intervenantes d’Équiterre ont ainsi présenté différentes stratégies pour démarrer et pérenniser une démarche d’approvisionnement local dans son école.

Équiterre coordonne et déploie le mouvement De la ferme à l’école au Québec. Ainsi, l’organisation mobilise l’ensemble des milieux scolaires à mettre en œuvre des programmes De la ferme à l’école et accompagne un certain nombre de ceux-ci. Dans le cadre de l’initiative « De la ferme à l’école : Une terre fertile! », ce sont 14 écoles primaires et secondaires québécoises qui ont reçu un financement leur permettant d’impliquer les élèves dans la culture, la récolte, la préparation, la transformation, et le service d’aliments sains, locaux et écoresponsables dans un bar à salades offert régulièrement. 

Murielle Vrins a ainsi introduit le webinaire en rappelant les nombreux bénéfices des démarches d’approvisionnement alimentaire durable mises en place dans les milieux scolaires sur la santé, l’économie locale, l’environnement et l’éducation. Ces démarches sont également bénéfiques pour les équipes-écoles car elles valorisent leurs initiatives. Elles procurent une grande satisfaction des élèves et des membres de la communauté scolaire et elles favorisent ainsi un plus grand sentiment d’appartenance envers l’école.

Crédit photo: AgrÉcoles

Bien que les types de services alimentaires soient diversifiés au Québec (autogestion, gestion contractuelle, programmes complémentaires), chaque type peut adopter un approvisionnement durable. Des fiches pratiques ont été développées sur ce sujet par Équiterre, en collaboration avec Aliments du Québec au menu et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), dans le but d’inspirer et de mobiliser les institutions du Québec à développer un approvisionnement alimentaire sain, local et écoresponsable. Ces fiches pratiques, déclinées pour divers milieux institutionnels, proposent des marches à suivre détaillées découlant de l’expérience d’institutions pionnières. 

Le contexte de la COVID-19 est souvent appréhendé comme un frein à ces initiatives. Pourtant, ce contexte peut faciliter leur mise en place, puisque la diminution de l’activité peut être une opportunité pour se réinventer ou se lancer dans de nouveaux projets. C’est le cas de l’école primaire Louis-de France à Trois-Rivières avec son nouveau projet « La Conserverie » qui permet aux jeunes de s’initier à la transformation de produits locaux et à la mise en conserve. De plus, les enjeux d’achat local et d’autonomie alimentaire sont plus que jamais d’actualité. 

Démarrer une démarche d’approvisionnement local dans son école 

Dans la première partie du webinaire, Clara Canac et Dominique Lacroix ont présenté les différentes étapes pour mettre en place cet approvisionnement local.

  1. La création d’un comité est primordiale pour que les démarches ne retombent pas sur les épaules d’une seule personne! Rassembler le conseil d’établissement, les membres des comités environnement ou encore des partenaires de la communauté est indispensable. Il est important d’attribuer à chacun-e un rôle et des tâches précises, et d’élaborer un échéancier.
  2. Ensuite, les besoins et les priorités doivent être définis, par exemple en s’appuyant sur les valeurs de l’école (politiques alimentaires et de développement durable). Ces valeurs doivent aussi être arrimées avec le désir des élèves et des parents. Sondez-les et demandez-leur quelles sont leurs priorités : la fraîcheur, la saisonnalité, etc.
  3. Il est aussi important de connaître l’offre alimentaire déjà en place dans son milieu. Effectuez un état des lieux de vos fournisseurs actuels, des potentielles listes approuvées par votre centre de services scolaires ou encore des partenariats déjà existants dans le cadre d’activités éducatives pour les élèves (visite de ferme, journée thématique, campagne de financement, etc). Bien connaître son offre permettra de cibler les aspects à améliorer.
  4. Il faudra par la suite déterminer les critères d’achat à privilégier, tels que le type d’entreprise, la diversité de l’offre, la flexibilité du service, ou encore le prix. Il sera important de prioriser ses critères pour être capable de faire des choix.
  5. Pour favoriser la résilience du système d’approvisionnement de son école, il est nécessaire de diversifier ses modes d’approvisionnement. Vous pouvez entrer en contact direct avec les producteur-trices et maraîcher-ères de votre région. Si votre école a participé à la campagne de financement Écoles enracinées, l’astuce de Clara est de vérifier si le-la fermier-ière qui vous a livré à l’automne pourrait vous approvisionner! Vous pouvez aussi vous tourner vers la distribution (les supermarchés et épiceries, les distributeurs alimentaires, ou encore les traiteurs et concessionnaires scolaires) et repérer les produits de votre région ou demander l’identification de la provenance à vos distributeurs. Enfin, n’oubliez pas que vous pouvez faire pousser vos propres aliments locaux dans un jardin scolaire ou communautaire, tout en impliquant les jeunes!
  6. Montrez à vos futurs partenaires tous les nombreux avantages qu’ils retireront en s’investissant dans votre projet, comme tisser des liens avec la communauté, contribuer à la santé des élèves, ou encore bénéficier d’une belle visibilité : c’est la meilleure façon de les convaincre! 
Crédit photo : Équiterre
Pérenniser sa démarche

Clara Canac et Dominique Lacroix ont ensuite présenté trois stratégies pour pérenniser cette démarche.

  1. La première est de valoriser la relation avec votre fournisseur ou votre distributeur en dépassant la relation d’affaires. La clé d’un partenariat à long terme est de cultiver une relation de respect et de confiance. Il faut donc mettre en place des mécanismes de communication et de suivis nécessaires à une saine collaboration. L’astuce de Dominique est de communiquer par téléphone et non par courriel pour renforcer le lien avec votre partenaire.
  2. La deuxième stratégie est d’inscrire la démarche dans le projet éducatif de l’école. De nombreuses notions théoriques sont en lien avec l’alimentation saine, locale et écoresponsable. Elles peuvent facilement être vues en classe tout en répondant aux exigences du curriculum. Elles peuvent aussi faire l’objet de sorties scolaires, ou d’une activité de jardinage ou de cuisine. Le site d’Équiterre contient de nombreuses ressources pertinentes à ce propos, comme La Trousse pédagogique À la soupe !1, le Guide pour l’organisation d’ateliers culinaires, des fiches recettes des fruits et légumes du Québec (en français et en anglais). Dans le contexte actuel, aidez-vous du Guide pour une alimentation saine en milieu scolaire pendant la COVID-19 de la Coalition pour une saine alimentation scolaire.
  3. Enfin, la troisième stratégie de pérennisation est de participer à un programme de reconnaissance ou d’accompagnement pour encadrer votre démarche et être soutenu-e dans vos efforts, comme la la reconnaissance Aliments du Québec au menu. En partenariat avec Équiterre et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, Aliments du Québec a développé la reconnaissance Aliments du Québec au menu pour les institutions qui offre un soutien, une visibilité, une mobilisation de l’ensemble de l’équipe du service alimentaire et bien d’autres avantages. Cette reconnaissance permet à de nombreux milieux d’être accompagnés dans leur démarche d’approvisionnement local. La reconnaissance peut être effectuée par plat (la solution la plus facile et flexible, pratique pour commencer sa démarche) ou par approvisionnement. Selon cette dernière option, le service alimentaire doit soumettre la quantification de tous les aliments achetés pendant une année. L’approvisionnement est reconnu majoritaire si la part d’aliments québécois représente 50 % et plus du budget annuel total. Il est possible d’obtenir une reconnaissance pour un pourcentage inférieur à 50 % : le but est alors de mesurer le niveau initial d’approvisionnement en produits locaux d’une institution et de l’accompagner pour en augmenter la part. Cette étape de quantification est très encourageante. Elle permet de mieux connaître son offre actuelle et de se fixer des cibles pour orienter ses actions et progresser à son rythme. Souvent, les institutions sont surprises de constater qu’une bonne part de leur approvisionnement est déjà local! 

The step of quantifying food purchases is very encouraging. It allows us to better understand the food we are offering and to set targets to guide our actions and progress at our own pace. Often, institutions are surprised to find that a large part of their supply is already local!

Pour conclure, ces démarches d’approvisionnement local vont peut-être vous demander de changer vos habitudes, d’investir du temps ou encore d’augmenter le nombre de fournisseurs. Néanmoins, l’investissement en vaut la peine à long terme! Non seulement ces démarches permettront d’offrir le meilleur à vos élèves et la communauté scolaire, mais elles enverront une image positive de vos services, vous démarqueront et permettront de créer des liens entre l’alimentation, la santé des jeunes, des communautés et de la planète.

Vous pouvez écouter l’ensemble du webinaire (d’une durée d’une heure) ou retrouver toutes les ressources dans la présentation support.

Résumé du webinaire

Contact : delafermealecole@equiterre.org 


 1 La version mise à jour sera disponible sur le site d’Équiterre à l’automne 2021. 

Crédit photo : École Saint-Denis

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