Partout au cours de la dernière année, on a dû adapter les programmes d’alimentation scolaire à la COVID-19. Et nos écoles boursières n’ont pas fait exception à la règle!
Une salade colorée pour cette fillette de première année!

L’étude de cas ci-dessous raconte l’histoire de l’école Huband Park Elementary School, située à Courtenay, en Colombie-Britannique. Ce virage a été possible grâce au dévouement et au travail acharné de deux bénévoles de premier plan, Barb Mindell et Karen Stevenson, ainsi qu’au soutien intégral de l’animatrice du cercle d’apprentissage De la ferme à l’école de la vallée de Comox, Jenn Meilleur, et des participants, dont  l’administration scolaire et d’autres parents bénévoles.

Huband Park compte environ 375 élèves de la maternelle à la 7e année. Parce qu’elle est située en milieu rural, plusieurs des familles rattachées à l’école sont propriétaires ou travailleuses agricoles, ce qui a contribué à propulser le projet initial de bar à salades en 2012. Huband Park a reçu sa première bourse De la ferme à la cafétéria Canada en 2016 pour l’aider à amplifier son programme de la ferme à l’école.

Comment Huband Park a-t-elle réussi à faire fonctionner son programme durant la pandémie?

Lorsque les écoles ont commencé à rouvrir leurs portes en 2020, l’équipe de Huband Park savait qu’elle devait trouver un moyen de poursuivre son bar à salades. Heureusement, le district scolaire de la vallée de Comox avait d’emblée reconnu l’importance des programmes d’alimentation scolaire et s’était engagé à en maintenir le plus grand nombre possible. La directrice de l’école, Gracie MacDonald – qui joue elle aussi un rôle déterminant dans le programme – affirme que la communauté scolaire comprend l’importance des programmes d’alimentation scolaire pour la santé physique et mentale des élèves.

À l’été 2020, Jenn Meilleur a organisé un groupe de travail virtuel dans le cadre du cercle d’apprentissage De la ferme à l’école qui est actif dans la vallée de Comox depuis l’automne 2019. À ses côtés pour l’aider à mobiliser la communauté et à s’attaquer à la logistique des services d’alimentation scolaire se trouvait Maurita Prato, partenaire communautaire, conseillère auprès du cercle d’apprentissage et directrice générale de la LUSH Valley Food Action Society. En septembre 2020, ce groupe de travail a donné lieu à une réunion visant l’établissement d’un « plan de relance du bar à salades », où des représentants de l’administration scolaire, du conseil scolaire, de la santé publique et du district scolaire, y compris le directeur de la santé et de la sécurité, se sont réunis avec enthousiasme pour trouver une façon de relancer le bar à salades en toute sécurité.

Karen, Barb et Gracie ont ensuite rédigé des protocoles de sécurité qu’elles ont présentés au district scolaire (renseignements détaillés plus bas), qui les a approuvés en consultation avec la Santé publique et a ensuite autorisé la reprise des activités de bar à salades. Cette communication ouverte et cet engagement envers l’alimentation scolaire de la part de toutes les parties concernées se sont révélés essentiels et ont permis à tous de se sentir à l’aise quant au plan d’avenir.

Avant la COVID-19, Huband Park servait de 200 à 240 élèves en moyenne par semaine à partir de trois stations de bar à salades situées dans le couloir à l’extérieur de la cuisine. Le service était assuré par quatre parents bénévoles et une quinzaine d’élèves bénévoles. Les élèves de la 7e année, qui à tour de rôle obtenaient la permission de s’absenter de la classe, aidaient à préparer la nourriture, à distribuer les assiettes et à servir les ingrédients du bar à salades.

Les bénévoles qui préparent la nourriture

Maintenant, en pleine pandémie, le bar à salades fonctionne uniquement avec des bénévoles adultes, mais on réussit encore à servir de 180 à 210 élèves répartis en cohortes dans une salle polyvalente. Consciente qu’il lui faudrait beaucoup d’aide pour remplacer les élèves bénévoles, l’équipe du bar à salades s’est tournée vers les parents par l’intermédiaire des médias sociaux, de listes de diffusion et de messages dans les courriels hebdomadaires de la directrice.

La nourriture servie dans le bar à salades de Huband Park provient d’agriculteurs locaux et d’épiceries locales. On cherche autant que possible à s’approvisionner localement et à servir des aliments en saison.

Selon Kimberley Toonders, diététiste en santé publique à la régie de la santé de l’île de Vancouver, le programme de Huband Park s’est révélé exemplaire pour montrer qu’on peut continuer de servir des aliments sains en toute sécurité durant la pandémie. Selon elle :

« Les programmes d’alimentation scolaire ont toujours constitué une importante source d’aliments sains pour les enfants, et la pandémie a mis en lumière les façons dont les écoles peuvent s’adapter pour assurer structure et sécurité aux élèves en période d’incertitude. Les élèves bien nourris apprennent beaucoup mieux, et les programmes de bar à salades sont essentiels pour offrir une sélection variée d’aliments sains aux enfants ainsi que pour appuyer les systèmes alimentaires locaux. La pandémie est venue aggraver les problèmes de santé mentale dans les écoles, alors pour les atténuer, il est important de faire en sorte que les élèves soient bien nourris. »

Charlene MacKinnon, agente principale de l’hygiène de l’environnement à la régie de la santé de l’île de Vancouver, a assisté à la réunion virtuelle de l’école en septembre. « Du point de vue de l’hygiène de l’environnement, dit-elle, il n’y a actuellement aucune preuve pour indiquer que les aliments ou leur emballage puissent être associés à la transmission de la COVID-19. Il est donc important de comprendre qu’il existe des moyens sûrs pour servir des aliments sains et nutritifs à l’école durant la pandémie de la COVID-19. En intégrant les pratiques de salubrité alimentaire habituelles à leurs protocoles de sécurité pour la COVID, les écoles peuvent offrir leurs programmes d’alimentation, comme le bar à salades, sans aucun risque. »


L’école Huband Park a donc relancé son programme de bar à salades en novembre 2020 après y avoir apporté certaines modifications importantes, à savoir :

  • Seuls des bénévoles adultes s’occupent du bar à salades (à l’heure actuelle, les seuls bénévoles adultes permis dans l’école sont ceux qui interviennent dans le domaine de l’alimentation, alors certains parents étaient heureux de se porter volontaires pour le bar à salades!).
  • Les élèves sont divisés en cohortes et ne sont pas tous servis en même temps.
  • On utilise une salle polyvalente (anciennement une salle de classe), où la distanciation physique est possible, et on limite à quatre le nombre d’employés de cuisine qui s’y trouvent en même temps (on a mesuré la salle pour assurer que les bénévoles peuvent respecter les distances recommandées).
  • On ramasse les assiettes sales dans les classes plutôt que de les recevoir à la porte de la cuisine.
  • On applique les autres protocoles de sécurité courants pour la COVID-19 comme le port du masque (en fait, le port obligatoire du masque près de ce palpitant bar à salades a aidé à encourager le port du masque à la grandeur de l’école!).
La version intégrale du protocole de sécurité de Huband Park pour la COVID-19 se trouve ci-dessous. Le personnel scolaire et les familles en ont reçu une copie.

Plan de l’école Huband Park pour la sécurité du bar à salades durant la Covid-19

Notre bar à salade est offert tous les mardis, sauf le lendemain d’une fin de semaine prolongée. Tous les bénévoles sont des parents. Par le passé, l’équipe comprenait des élèves bénévoles qui apprenaient à préparer et à servir la nourriture. Nous déciderons peut-être d’inviter les élèves plus âgés à nous aider plus tard, une fois nos mesures de sécurité en place. Mais sachez que pour l’instant, le mot « bénévoles » fera référence à des parents bénévoles. Tous les bénévoles seront informés des mesures de sécurité à respecter lorsqu’ils arrivent à l’école, préparent et servent la nourriture et voient au nettoyage. Près de la moitié de la population scolaire mangeait au bar à salades par le passé, mais maintenant, les chiffres varient de semaine en semaine.

Voici les grandes lignes des mesures que nous prenons pour limiter la transmission de la COVID-19 pendant que nous servons une salade-repas saine à nos élèves et employés.

SALUBRITÉ ALIMENTAIRE

  • Au moins un bénévole titulaire d’un certificat valide de manipulation sécuritaire des aliments est présent durant la préparation, le service et le nettoyage du bar à salades. L’école Huband Park s’engage à assurer un environnement alimentaire sécuritaire dans sa cuisine certifiée tout en respectant les mesures et les protocoles de sécurité pour la COVID-19.

ÉPICERIE

  • Un bénévole fait les achats la veille du jour du bar à salades, en respectant les protocoles de sécurité des magasins.

  • Dans la mesure du possible, nous achetons des fruits, légumes, viandes et produits de boulangerie locaux afin d’appuyer les fermes et les entreprises de notre communauté et d’offrir les aliments les plus frais possibles aux élèves.

  • Ce même jour, le bénévole en question peut entrer dans l’école pour mettre la nourriture au réfrigérateur et dans les autres endroits désignés de la cuisine.

PRÉPARATION

  • Le premier bénévole qui entre dans la pièce désinfecte immédiatement la cuisine.

  • Il nous faut au moins quatre bénévoles et ceux-ci arrivent l’un après l’autre à partir de 8 h. En plus de porter un masque et de se laver régulièrement les mains pendant qu’ils préparent la nourriture, les bénévoles s’assurent de maintenir une distance d’au moins un mètre dans la cuisine la plupart du temps.

  • Des affiches placées dans la cuisine rappellent aux bénévoles de porter un masque, de se laver régulièrement les mains, de respecter l’hygiène respiratoire et de maintenir une distance physique dans la mesure du possible.

Trois serveuses de l’une de nos stations servent une classe de première année. Chaque bénévole est responsable de sa section de la station et de son ensemble d’ustensiles.

SERVICE

  • Ce sont les bénévoles qui, en tout temps, servent la nourriture, style buffet, directement aux employés et aux élèves.

  • Des affiches rappellent aux élèves de se laver les mains, de ne pas se toucher le visage et de respecter l’hygiène respiratoire.

  • Avant d’entrer dans la salle où est servie la nourriture, les élèves se désinfectent les mains. Ils entrent par une porte et sortent par une autre afin de maintenir une circulation unidirectionnelle.

  • Les élèves sont accompagnés de leur enseignant et des enseignants de leur cohorte lorsqu’ils se font servir.

  • Tous les serveurs portent un masque.

  • Soucieux de réduire le gaspillage, nous utilisons des assiettes et des ustensiles réutilisables. Nous sensibilisons aussi les enfants à la réduction de notre empreinte carbone.

  • Le personnel et les élèves apportent leur salade dans leur classe, où ils mangent comme d’habitude à l’heure du dîner.

  • Si un enfant veut rapporter ses restants à la maison, nous lui donnons un contenant jetable propre.

NETTOYAGE

  • Chaque classe aura un bac où le personnel et les élèves pourront déposer leurs assiettes et ustensiles sales. Un bénévole passera prendre les bacs pour les apporter à la cuisine.

  • Les parents bénévoles suivront les lignes directrices en matière de salubrité alimentaire pour laver, désinfecter et ranger les assiettes et les contenants une fois propres.

  • Les bénévoles désinfectent aussi les tables, les contenants et les bacs avant de les ranger.


QUESTIONS ET RÉPONSES

Karen Stevenson (KS) fournit de plus amples renseignements en répondant à nos questions.

Parlez-nous un peu plus de votre rôle, à vous et à Barb?

KS : Je suis coordonnatrice des bénévoles, représentante du bar à salades au sein du comité consultatif parental, agente de liaison avec le personnel scolaire, responsable de la publicité-média et gérante de la cuisine les mardis. Barb Mindell prépare nos menus et nos listes d’épicerie, coordonne les quatre bénévoles qui font l’épicerie (chacun à tour de rôle), est l’une des principales bénévoles dans la cuisine chaque semaine et fait partie de notre équipe de serveuses.

Nous avons 15 parents bénévoles qui travaillent par rotation pour préparer ou servir la nourriture. Chaque mardi, Barb, moi-même et une autre bénévole arrivons le matin pour préparer la nourriture et quatre autres bénévoles arrivent plus tard pour servir et nettoyer. Barb et l’autre bénévole aident les quatre serveuses, tandis que je reste dans la cuisine pour remplir les contenants et commencer à laver la vaisselle au fur et à mesure que les bacs arrivent. Ensuite, nous dînons toutes ensemble. Barb, notre coéquipière et moi-même partons, tandis que les quatre autres bénévoles finissent la vaisselle et s’occupent du nettoyage.

Comme horaire, je commence à 7 h 45 et termine à 13 h 15. Barb et notre coéquipière arrivent à 8 h 30 et partent à 13 h 15. Les serveuses arrivent à 11 h 45 et partent vers 14 h, après avoir fini de nettoyer. Pour faire l’épicerie le lundi, il faut prévoir une ou deux heures.

Barb et moi consacrons chacune une ou deux autres heures par semaine à la préparation, à la communication à la maison et à l’enregistrement de données sur des éléments comme le nombre d’assiettées servies, les thèmes, les recettes et le volume de nourriture servi comparativement au volume consommé, afin de pouvoir apporter des modifications au besoin.

Quelles ont été vos réussites cette année et à quoi les attribuez-vous?

KS : Nous avons très bien réussi à servir nos salades. Malgré les changements (que nous étions disposés à adopter), nous continuons de servir presque autant d’assiettées qu’auparavant.

Il nous faut cependant plus de temps et plus de parents bénévoles que par le passé. J’attribue sincèrement notre succès à la persévérance et à la passion de notre district scolaire, de l’administration scolaire, du personnel, des familles et des merveilleux bénévoles grâce auxquels le bar à salades se déroule chaque semaine.

Quand nous avons décidé de relancer le programme cet automne, l’administration a donné son coup de baguette magique et nous a ouvert les portes. Je ne peux trop insister sur la nécessité d’obtenir l’approbation et la participation de l’administration scolaire. La directrice, Gracie, a fait toutes les démarches nécessaires pour la reprise des activités parce qu’elle voulait que ça se réalise. Elle se passionne pour l’alimentation des enfants et consacre même son temps personnel au programme de déjeuner offert tous les matins à l’école.

Quel est votre modèle financier?


Pour une moyenne de 200 assiettes par semaine, nous demandons 3 $ l’assiette pour les commandes passées à l’avance et 5 $ pour les commandes faites sur place le mardi. Chaque assiette nous coûte moins de 2 $ la plupart des semaines, mais ce coût fluctue en fonction des thèmes et de la période de l’année.

Par exemple, en novembre-décembre 2020, les revenus du bar à salades se sont élevés à 3 213,00 $ et les dépenses se sont chiffrées à 1 833,77 $, ce qui nous a donné un profit total de 1 379,23 $, ou un profit hebdomadaire moyen de 229,87 $. La totalité des profits pour l’année 2020 était de 4 917,84 $ pour seulement 18 jours de fonctionnement (en raison de la COVID).

Autrefois, tous les revenus générés par les programmes dirigés par les parents bénévoles étaient versés directement dans le compte général du comité consultatif parental. Nous utilisions ensuite l’argent pour allouer des fonds discrétionnaires aux enseignants, acheter et mettre à niveau le matériel électronique à l’école, payer des excursions, des déplacements en autobus, des appareils de terrain de jeu, etc. Depuis 2019, nous déposons les fonds du bar à salades dans un compte séparé et les utilisons pour les programmes de littératie alimentaire (dont aucun ne s’est malheureusement déroulé depuis le début de la COVID).

Quels ont été vos plus grands obstacles en lien avec l’adaptation à la COVID? Comment les avez-vous surmontés?

KS : Notre plus gros défi, je pense, a été le changement d’horaire en raison des exigences relatives aux cohortes.

Les élèves sont maintenant divisés en deux groupes et chaque groupe a sa propre période de dîner. Par le passé, nous pouvions servir 220 salades en 30 minutes; maintenant, nous en servons 200 en 75 minutes. Autrefois, nous avions trois stations de bar à salades; maintenant, nous fonctionnons avec deux stations (jusqu’à tout récemment, nous n’en utilisions qu’une, mais j’ai pu trouver d’autres bénévoles pour servir à partir de la deuxième station).

Il a fallu faire preuve de patience et trouver plus de bénévoles adultes disposés à rester plus longtemps.

Quelles ont été les plus importantes leçons tirées de votre dernière année de fonctionnement?

KS : Honnêtement, ce que j’ai appris de plus important, c’est à quel point notre école ADORE notre bar à salades. Tout le monde s’est montré très disposé à s’adapter à nos modifications et à surmonter les obstacles. Ce qui nous a surtout sauvés, c’est la bonne volonté de l’administration et des bénévoles. Avec autant de « mains dans la pâte », nous avons pu accomplir notre mission en dépit des contraintes de temps.

Comptez-vous appliquer certaines de ces modifications au programme de bar à salades dans l’après-COVID?

KS : Nous avions un système très fluide avant la COVID. Nous sommes cependant très heureux d’avoir eu accès à la salle polyvalente pour le service cette année (elle servait auparavant de classe) et j’imagine facilement poursuivre dans cette même voie. Nous avions l’habitude de servir les salades dans le corridor, ce qui créait des embouteillages monstres!

Pourquoi les programmes de la ferme à l’école sont-ils aussi importants?

KS : Les programmes de la ferme à l’école, comme notre bar à salades, sont des programmes gagnant-gagnant. Nous remplissons le « bedon des p’tits » de nourriture de très bonne qualité, nous générons un revenu non négligeable pour l’école et nous sommes en mesure de sensibiliser les familles à l’importance de produire et d’acheter des aliments sains, de bien manger et d’appuyer la communauté scolaire! Par le passé, la sensibilisation se faisait par l’enseignement en classe. Même si cela n’est plus possible, nous pouvons offrir un certain degré d’enseignement au moyen des messages en ligne, des courriels et des affiches installées à l’école.

Pour en savoir plus sur les activités de la ferme à l’école à Huband Park et dans d’autres écoles de la vallée de Comox, consultez notre document intitulé Cultiver un mouvement : de la ferme à l’école dans la vallée de Comox.