Nanâtohk Mîciwin (Stratégie universelle d’alimentation scolaire) de la Commission des écoles d’éducation de Maskwacîs (MESC)

« Le problème avec la vente de nourriture aux enfants est que ça créé une disparité, si tu n’as pas d’argent ; tu ne peux pas acheter de nourriture. » Scott Hall

Située sur le territoire du Traité numéro 6, la Commission des écoles d’éducation de Maskwacîs (MESC) gère onze écoles, couvrant quatre nations : la nation crie de Samson, la nation crie d’Emineskin, la Première Nation du Montana et la tribu de Louis Bull. Ces écoles sont les suivantes :
  • École maternelle d’Ermineskin,
  • École primaire d’Ermineskin
  • École secondaire Ermineskin Jr/Sr (EJSH)
  • École alternative d’Ermineskin
  • École de sensibilisation de Maskwacis
  • École primaire Grace Marie Swampy
  • École primaire de Nipisihkanahk
  • École secondaire de Nipisihkanahk
  • École de Kisipatnahk
  • École Meskanahk-Ka-Nipa-Wit
  • École Mimiw Sahkahkian

Scott Hall a commencé à travailler pour l’autorité scolaire Miyo Wahkohtowin de la Nation crie d’Ermineskin en 2012 en tant que professeur d’alimentation au secondaire. On lui a demandé de prendre la tête d’un programme de déjeuner/dîners lancé par le professeur d’alimentation précédent. À la demande du conseil d’administration et du surintendant de la Miyo Wahkohtowin Education Authority, Scott a introduit la stratégie d’alimentation scolaire universelle (USFS) dans son école l’année de son embauche.

L’objectif de l’USFS était de faire en sorte que les élèves aient non seulement un accès quotidien à la nourriture, mais aussi que chaque élève ait un accès régulier à une nourriture saine et riche en nutriments. L’USFS a démarré dans une école de 300 élèves en 2012. Après un lancement réussi la première année, le programme s’est développé au cours des 9 années suivantes, et dessert désormais 2400 élèves et 400 membres du personnel dans onze écoles et offre un accès quotidien à des collations, déjeuners, dîners et sains, délicieux, et denses en nutriments.

Le programme a débuté avec Scott qui donnait des leçons sur les aliments commerciaux dans une cuisine centrale avec l’aide d’une personne qui apportait un soutien pédagogique. Scott et ses élèves ont mis beaucoup d’énergie dans la tâche quotidienne de préparer des aliments de haute qualité, de construire des repas à partir de zéro en utilisant des ingrédients entiers, et de servir 300 élèves de l’école Ermineskin Jr/Sr High School. Au départ, il y a eu une certaine résistance face à la nouvelle formule du programme d’alimentation qui, ayant pour objectif de servir des repas sains et riches en nutriments, implique l’élimination des distributeurs automatiques et la commercialisation d’aliments malsains dans l’école. Cependant, les élèves et le personnel se sont adaptés au programme et, grâce à un accès quotidien à une nouvelle alimentation, les élèves ont découvert qu’ils appréciaient les nouvelles saveurs et les fruits frais de qualité.

Nanâtohk Mîciwin Program_00002

En 2013, 450 élèves de l’école primaire adjacente d’Ermineskin (EJSH) ont été ajoutés au programme. Deux employés, Scott, et les élèves de l’EJSH cuisinaient pour 750 élèves. Avec l’augmentation du nombre d’élèves, les opérations se sont étendues pour ajouter plus d’équipement, une camionnette, un bar à salade et l’embauche d’un chauffeur pour distribuer la nourriture à la deuxième école.

En 2014, 250 élèves de l’école maternelle Ermineskin ont été ajoutés au programme pour un total de 1000 élèves nourris par jour, marquant le début d’un véritable programme universel d’alimentation scolaire de la maternelle à la 12e année. Le programme a connu un grand succès, célébré par les élèves et soutenu par les enseignant(e)s et les familles de Maskwacisak, et a continué à se développer.

​​En 2018, les étoiles se sont alignées et une fusion des systèmes éducatifs des quatre Nations a eu lieu. Quatre Nations distinctes ont signé pour remettre le contrôle de l’éducation à une autorité scolaire communautaire indépendante, la Commission des écoles d’éducation de Maskwacîs (MESC). Depuis 2018, les élèves du secondaire ont soutenu 22 employés de cuisine pour préparer la nourriture quotidiennement pour 2400 étudiants et 400 membres du personnel de onze écoles. La nourriture est, et sera toujours, gratuite pour tous les étudiants et le personnel.

En 2019, le programme a reçu le nom de Nanâtohk Mîciwin par les gardien(ne)s du savoir Maskwacisak, et a été sélectionné comme lauréat du prix Michelle Lessard De la ferme à la caféteria Canada pour la « création d’un excellent programme De la ferme à l’école qui contribue à un système régional d’alimentation scolaire qui est durable. »

Au fil des ans, les étapes de mise en œuvre et de développement du programme Nanâtohk Mîciwin ont été marquées par de nombreux défis. Au début, la suppression du lait au chocolat et l’élimination de la promotion d’aliments malsains auprès des enfants dans les écoles ont suscité des critiques de la part de certain(e)s élèves et membres du personnel. Cependant, en assurant la fourniture de collations régulières et saines tout au long de la journée, comme des fruits, des produits de boulangerie frais et l’accès à des systèmes de filtration d’eau, les critiques se sont transformées en célébration et en gratitude.

L’un des défis majeurs de l’étape de fusion en 2018 était que de nombreuses écoles n’étaient pas équipées pour préparer un repas scolaire complet. Chaque école avait des capacités de production différentes dépendamment de leur espace, leur système de ventilation, leur capacité électrique et leur équipement. Les espaces scolaires ont été modifiés, et des appareils de cuisine installés, afin d’avoir des cuisines fonctionnelles et sécuritaires. Dans certains cas, d’autres locaux dans l’école ont dû être transformés pour être utilisés comme cuisine – comme par exemple les laboratoires informatiques.

Au cours de l’été 2018, pour préparer la première année scolaire de la nouvelle MESC en tenant compte des besoins qu’impliquerait le triplement de la production alimentaire, il fallut qu’un grand site central de distribution alimentaire soit établi. Pour répondre à ce besoin, une ancienne épicerie a été convertie en un grand site de stockage et de distribution de nourriture pour les opérations du programme Nanâtohk Mîciwin. Des camions de livraison ont été achetés et des chauffeurs ont été embauchés et formés.

En célébrant les réussites, en relevant les défis et en modifiant le programme selon les besoins, le Nanâtohk Mîciwin s’est fortifié au fil des années. 

Voici quelques-uns des facteurs clés qui ont mené au succès de ce programme :

  • Avoir une bonne relation avec les directeurs et directrices d’école, le ou la surintendant(e), le conseil d’administration et les autres administrateurs et administratrices – et bénéficier de leur soutien.
  • Créer des relations solides avec de nombreux fournisseurs locaux pour acheter des aliments locaux dans la mesure du possible.
  • Augmenter la communication entre les écoles, étant donné qu’elles étaient situées dans des communautés différentes. 
  • Penser comme un entrepreneur en se concentrant sur une solution plutôt que sur le problème.
  • Toujours envisager l’économie d’espace et de temps dans la cuisine pour être plus efficace.
  • Planifier le menu, mais le garder ouvert au changement – cela permet de le modifier en fonction de la disponibilité des aliments et de pouvoir faire preuve de souplesse dans les achats.

Depuis la mise en œuvre du programme d’alimentation, les données recueillies d’année en année indiquent une corrélation entre un programme universel d’alimentation scolaire et une augmentation du taux d’obtention de diplôme, une augmentation de l’assiduité scolaire, une diminution des incidents violents et une augmentation générale de la réussite scolaire des élèves.


Nanâtohk Mîciwin (Stratégie universelle d’alimentation scolaire – USFS) de la Commission des écoles d’éducation de Maskwacîs (MESC) : Adaptation pendant la pandémie de COVID-19

L’histoire suivante raconte comment la MESC a continué à nourrir et à éduquer ses élèves alors que les écoles étaient fermées pendant la COVID-19.  Elle souligne également la créativité du personnel, même en période d’incertitude. 

Lorsque la fermeture des écoles a été ordonnée en raison des mesures d’intervention pendant la pandémie, les communautés ont eu de nombreuses inquiétudes quant à la manière dont les élèves allaient continuer à apprendre et à accéder à la nourriture. Le personnel scolaire et l’équipe du programme Nanâtohk Mîciwin ont travaillé ensemble pour répondre à ces préoccupations.

Immédiatement après la fermeture des écoles, les équipes de gestion des urgences de districts dans chacune des quatre Nations ont commencé à se réunir pour établir un plan d’intervention. Les familles ont été invitées à rester à la maison, des postes de contrôle de sécurité ont été mis en place et occupés 24 heures sur 24, mais les populations avaient besoin de provisions. Le programme Nanâtohk Mîciwin a proposé aux 4 nations une opération de paniers de nourriture saine. Elle comprenait une grande boîte de fruits et légumes, une grande boîte de produits secs et une grande boîte de viande congelée. Grâce à leurs relations dans le monde des affaires, à leur pouvoir d’achat et à la capacité logistique de la stratégie universelle d’alimentation scolaire, les Nations ont pu mobiliser rapidement des équipes chargées d’assembler les paniers dans les stades de hockey et à la banque alimentaire.

Les paniers alimentaires ont bien fonctionné pour les ménages mais, dans le cadre de la planification de la relance de l’école à l’automne 2020, l’idée la plus rentable pour l’alimentation scolaire était de préparer des repas congelés prêts à consommer dans des barquettes allant au four. Chaque semaine, 8 à 10 personnes travaillaient dans 2 cuisines pour préparer 4-5000kg de plats de type casserole à base d’ingrédients entiers. Chaque élève recevait un repas emballé surgelé prêt à consommer de 2 kg par semaine. Certains ménages recevaient jusqu’à 10 repas ou plus par semaine, en fonction du nombre d’élèves qui vivaient dans le foyer.

L’école à domicile était un défi. Bien que chaque élève ait reçu un Chromebook, dans de nombreux cas, il n’y avait pas d’Internet disponible pour se connecter aux plateformes d’apprentissage en ligne. Pour s’assurer que les élèves puissent poursuivre leur apprentissage malgré les restrictions qui les empêchaient d’être présents en classe, le personnel de l’école a préparé des documents scolaires sur papier pour chaque élève, chaque semaine.

Des paniers de nourriture aux repas congelés prêts à être consommés, les élèves des 11 écoles ont été nourris tout au long de la COVID-19 grâce à la réponse des 4 nations, à l’engagement de la MESC et au dévouement de l’équipe du programme Nanâtohk Mîciwin.   

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